Quand la baisse des taux d’intérêt freine l’investissement privé : évidences empiriques aux Etats-Unis et au Japon

Suite aux réflexions dans le cadre de la Théorie générale de la firme qui ont montré que la relation entre l’investissement et le taux d’intérêt n’est pas monotone, ce papier s’est fixé pour objectif (i) de mener des investigations théoriques plus précises et de réaliser des tests empiriques sur ladite relation. Des avancées théoriques importantes ont été ainsi enregistrées. Premièrement, l’élasticité de l’investissement par rapport au taux d’intérêt sur les prêts est une fonction de plusieurs variables économiques. Deuxièmement, lorsque les entreprises sont fortement rationnées en matière de financement, (i) l’élasticité-taux d’intérêt de l’investissement est égale à 0 si l’offre de fonds prêtables n’est pas sensible aux variations du taux d’intérêt sur les prêts ; (ii) elle est positive si : (a) l’aversion des entreprises pour les intérêts à payer est élevée, (b) le système de garantie est relativement efficace et (c) l’offre de crédit est relativement élastique au taux d’intérêt ; (iii) elle est négative si l’efficacité du système de garantie est assez limitée et l’offre de crédit est peu sensible au taux d’intérêt. Troisièmement, lorsque le taux d’intérêt sur les prêts est relativement bas, l’élasticité-taux d’intérêt de l’investissement est négative si le taux de rendement escompté sur les capitaux propres est suffisamment inférieur au ratio de la capacité d’autofinancement des entreprises par rapport au stock de capital. En revanche, lorsque le taux d’intérêt sur les prêts est relativement bas, cette élasticité serait positive en période de fortes spéculations sur les marchés financiers. Les évidences empiriques sur les USA et le Japon ont confirmé ce dernier résultat. La standardisation de l’utilisation du taux d’intérêt comme outil de relance de l’investissement privé quelles que soient les conditions économiques et financières est inadéquate et hasardeuse.

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